Veronica O’Brien

Veronica O’Brien (1905-1998)

 

Si le cardinal Suenens fut la personnalité la plus connue pour le développement de l’Association FIAT, Véronica O’Brien, elle, en fut l’inspiratrice. Voici un résumé de sa vie, suivi de quelques réactions recueillies lors de son départ au Ciel.

1.La Légion de Marie

Louise-Mary O’Brien est née à Midleton, en Irlande, le 16 août 1905. Elle était la onzième de treize enfants. Répondant à l’appel du Seigneur, elle s’engagea dans la congrégation religieuse des Dames de Sainte-Clotilde, dont elle avait fréquenté un pensionnat dans les environs de Londres. Elle y prit peu à peu conscience que ce mode de vie ne correspondait pas à sa vocation et qu’elle était appelée à un apostolat direct.

Après quatorze ans de vie conventuelle, et sur le conseil de ses supérieures et conseillers ecclésiastiques, elle quitta la congrégation et se mit à chercher sa voie, tout en continuant à porter son nom de religieuse, « Veronica », ce qui traduisait sa volonté d’être personnellement unie au Christ en sa Passion.

Après bien des tâtonnements, elle découvrit la Légion de Marie, qui, sous l’impulsion d’un compatriote, Frank Duff, son fondateur, connaissait alors une étonnante expansion.

À la veille de la seconde guerre mondiale, après avoir assisté à Dublin à une seule réunion d’un « praesidium » (Le praesidium est l’équipe de base de la Légion de Marie) elle quitta l’Irlande pour la France, à bord du dernier bateau à faire la traversée. Son intention fut d’y implanter la Légion. Veronica arriva finalement à Nevers au début de l’occupation de la ville par les Allemands. Au risque de sa vie (son passeport britannique lui vaut d’être soupçonnée d’espionnage) et de celles des religieuses du couvent Saint-Gildard qui l’ont accueillie, elle fonda la Légion de Marie à Nevers en août 1940.

Après la guerre, elle parcourut la France où elle fonda plus de 800 praesidia. Durant vingt ans, elle fut déléguée de la Légion de Marie qu’elle fonda également en Belgique, en Grèce, en Turquie et en ex-Yougoslavie.

2. L’apostolat commun avec le cardinal Suenens

Dans Souvenirs et Espérances, le cardinal Suenens écrit que la rencontre avec Veronica O’Brien en juillet 1947 « fera date dans sa vie ». Plus tard, dans Les Imprévus de Dieu, il explique : « Au cours de la conversation, elle me parla de l’union avec Marie comme ouverture à l’Esprit Saint. Je perçus aussitôt qu’elle parlait d’expérience, avec une rare profondeur ».

Cette première rencontre ne fut pas sans lendemain. La seconde eut lieu à Lourdes, en avril 1948, et fut le réel point de départ d’une étroite collaboration qui dura un demi-siècle au service de l’Église. Dotée d’une formation universitaire acquise à Cambridge, Veronica connaissait aussi parfaitement le latin. Ce fut très précieux pour le cardinal Suenens lors du Concile Vatican II. En 1966, le Cardinal écrit au Dr. Kathleen Owler, sœur de Veronica … « N’est-ce pas merveilleux la vie de Veronica et de voir comment le Seigneur a préparé pas à pas cette vie à être fructueuse pour l’Église et pour le monde. Sans elle, un certain nombre de choses n’auraient pas eu lieu durant le Concile ».

Le nombre de livres que le cardinal Suenens écrivit en collaboration avec Veronica fut considérable. Dans tous ses écrits, c’est le même appel qui est adressé aux chrétiens, un appel à participer à la mission essentielle de l’Église : l’évangélisation.

Dans le deuxième volume de ses mémoires, le cardinal Suenens décrit la vie de Veronica et leur collaboration. Au sujet du Renouveau, il écrit : « …en matière de discernement des esprits, ma tâche fut singulièrement facilitée par la collaboration constante de Veronica. Sa sûreté doctrinale, vivifiée par son expérience spirituelle hors pair, m’a aidé à dégager la présence authentique de l’Esprit et de ses charismes, des outrances ou déviations rencontrées en cours de route ».

Une autre rencontre décisive fut celle du Renouveau charismatique. C’est par la lecture d’un article de presse paru aux États-Unis, que Veronica avait pour la première fois entendu parler du Renouveau. Sans cesse à l’affût de tout ce qui germait dans l’Église post-conciliaire, elle se rendit, en 1972, en compagnie d’Yvette Dubois, dans plusieurs centres universitaires où ce renouveau spirituel, inspiré par le Pentecôtisme, avait surgi parmi les catholiques.

Elle prit une part active à l’essor du Renouveau en Belgique, en France et aux États-Unis. Elle joua un rôle important dans l’élaboration des textes doctrinaux Les documents de Malines, qui contribuèrent notablement à enraciner dans la tradition catholique l’enthousiasme charismatique, tout en mettant en garde contre certaines dérives fondamentalistes.

Elle fut conseillère spéciale de l’ICCRO, le Secrétariat international du Renouveau, qui eut son siège d’abord à Bruxelles, à la résidence du cardinal Suenens, puis à Rome.

3. Apôtre jusqu’au bout

Apôtre, Veronica le fut jusqu’à la fin de sa vie. Avec beaucoup de pédagogie, elle s’efforçat de faire de chaque collaborateur un missionnaire de la Bonne Nouvelle et cela, dans un très grand respect de la liberté de chacun. Ainsi, fut-elle fondatrice de l’équipe d’apostolat qui, réunie autour du cardinal Suenens, devint l’Association FIAT.

Laissons la parole au cardinal Suenens : « Ne pouvant plus, à son âge, s’offrir à porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre, Veronica suscite et stimule des initiatives variées qui permettent d’atteindre encore le même objectif. Il faut aimer et servir, dit-elle, non seulement de tout notre cœur, mais aussi avec toute notre imagination. De là les Initiatives FIAT. Celles-ci ont pour but d’intensifier la vie spirituelle et donc apostolique des chrétiens… ».

Pendant les dernières années de sa vie, le grand âge la contraignit à garder le lit presque continuellement. C’est alitée qu’elle recevait les visiteurs qu’elle préparait toujours à accueillir dans la foi et dans la prière. Elle demandait à Dieu la grâce de pouvoir dire la parole de réconfort en vivant dans un esprit de foi : « Dis seulement une parole et je serai guérie », afin de pouvoir donner « la parole » réconfortante.

Un jour, lors d’un partage, elle confia que jamais elle n’acceptait de dire un seul mot inutile. Elle était toujours orientée vers « la présence du Christ dans l’âme de l’autre », même quand ses partages étaient entremêlés d’un humour qui faisait rire les personnes les plus réservées. 

4. Veronica souhaitait ardemment rejoindre la Maison du Père

Après la mort du cardinal Suenens, le 6 mai 1996, plusieurs évêques et prêtres vinrent célébrer l’Eucharistie à son chevet. Elle s’excusait auprès d’eux d’être encore là. Malgré sa fatigue, elle participait activement à la messe, la liturgie des offices et la prière du chapelet FIAT.

Très affaiblie, elle est entrée dans la Vie, le 19 février 1998, entourée de ses proches, le lendemain de la fête de sainte Bernadette Soubirous.